Vouloir protéger nos enfants de tout risque peut se révéler plus néfaste que les dangers potentiels eux-mêmes.
J’ai remarqué que beaucoup de parents ont peu à peu adopté cette nouvelle devise : « Si je veux être considéré comme un bon parent, il faut que je me comporte comme un hélicoptère ».
Au nom de la sécurité de nos enfants, nous planons au-dessus d’eux, cherchant à les préserver de toute expérience négative qui pourrait leur nuire.
Mais en agissant ainsi, nous les protégeons du monde plus que ce que nous les y préparons.
C’est souvent le raisonnement de départ qui est faux : « Puisque ce sont mes enfants, je peux décider pour eux ! ». Pensant ainsi, les parents ne font plus confiance à Dieu quant à la croissance de leurs enfants, ils ne leur apprennent plus à s’appuyer sur Lui.
Les enfants grandissent
Petits, nos enfants ont besoin de notre présence attentive et constante. Cependant, il ne faut pas oublier que les années passent et qu’ils grandissent.
Nous devons passer d’un rôle de « parent-hélicoptère », c’est-à-dire protégeant et maitrisant tout, pouvant aller parfois jusqu’au contrôle, à un rôle de « parent-phare ».
Un phare est un signal lumineux qui communique en permanence avec les navires. Il signale sa position et avertit les marins du danger, mais il ne poursuit pas les bateaux.
Voici en détail les deux approches :
Le parent-hélicoptère
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Plane au-dessus de l’enfant et cherche à le contrôler.
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Suit l’enfant partout.
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Lui dit comment se comporter.
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Impose des lois et des règles.
Le parent-phare
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Regarde évoluer son enfant et communique avec lui.
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Ne poursuit pas l’enfant pour lui marteler des règles.
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Donne son avis chaque fois que son enfant le sollicite.
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Propose sa lumière et ses conseils.
Les enfants ne peuvent pas grandir sainement si nous ne les laissons pas se débrouiller seuls lorsqu’ils traversent des situations difficiles ou qui les effraient.
Les enfants doivent prendre des risques pour pouvoir gagner en maturité. Je parle bien sûr de risques calculés car nous restons à leurs côtés pour veiller sur eux. Mais, nous avons du mal à comprendre cela car nous considérons souvent une épreuve comme un événement négatif.
Le monde d’aujourd’hui est devenu confortable. Dès lors, nous avons tendance à vouloir éviter toutes les difficultés. Pourtant, nous comprenons tous ce qu’est l’estime de soi ; mais nous avons oublié qu’elle se construit également au travers des défis.
Lorsque nous éliminons les difficultés de la vie de nos enfants, nous les empêchons de s’armer pour leur vie d’adulte. Ils n’ont pas l’occasion de développer leur résilience, leur créativité ni leur capacité à régler les problèmes. Ce sont pourtant des atouts importants dont ils auront besoin plus tard.
Lorsque nous éliminons les difficultés de la vie de nos enfants, nous les empêchons de s’armer pour leur vie d’adulte. Ils n’ont pas l’occasion de développer leur résilience, leur créativité ni leur capacité à régler les problèmes.
La Bible nous montre au contraire que nous devrions nous réjouir de nos épreuves, parce qu’elles nous rendent persévérants. Jacques 1:2 : « Mes frères, regardez comme un sujet de joie complète les diverses épreuves auxquelles vous pouvez être exposés, sachant que l’épreuve de votre foi produit la patience ».
Plus nous intervenons pour régler les problèmes de nos enfants, plus nous les rendons dépendants. Nous devons au contraire les laisser se débrouiller, tout en veillant sur eux.
Cinq scénarios
Pour mieux comprendre, comparons maintenant la réaction du parent-hélicoptère et du parent-phare :
SCÉNARIO 1
Au parc, Nathan regarde avec émerveillement les barres de suspension. Ces barres l’impressionnent, mais doucement, il se met à grimper.
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Parent-hélicoptère :le parent se précipite vers lui en criant : « Arrête Nathan ! Tu pourrais te faire mal. Je vois bien que tu as peur, et c’est normal car tu es encore trop jeune. On verra cela quand tu auras 4 ans ».
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Parent-phare :le parent se dirige calmement vers son fils et lui dit : « Qu’est-ce que tu en penses, Nathan ? Tu veux essayer de grimper un peu ? Tu peux y aller, je suis là pour te regarder. Si tu fais attention, cela peut être très amusant ».
SCÉNARIO 2
Zoé est en deuxième année de primaire. Un matin, elle oublie son sac à dos en partant à l’école.
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Parent-hélicoptère :sa maman appelle aussitôt l’école pour informer sa maîtresse que Zoé a oublié son sac, puis elle se rend à l’école pour que sa fille n’en subisse pas les conséquences.
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Parent-phare :sa maman attend que la maîtresse l’appelle car elle pense que cela servira de leçon à sa fille de ne pas avoir ses affaires pendant toute une journée. C’est une vision à long terme : une journée désagréable aidera Zoé à ne plus oublier son sac à dos à l’avenir.
SCÉNARIO 3
Josué a dix ans. Il demande à sa mère s’il peut escalader les rochers qui se trouvent au bout de la rue. Il pourrait se faire quelques égratignures.
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Parent-hélicoptère :« Certainement pas ! Je t’ai déjà dit que je ne voulais pas que tu te casses une jambe en escaladant ces rochers. Pourquoi ne joues-tu pas plutôt dans la maison ? ».
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Parent-phare :« Oui, tant que tu y vas avec un ami et que vous vous aidez. Je peux te faire confiance pour que tu sois rentré dans une heure ? ». Josué prend le risque de se faire quelques égratignures, mais il a besoin de développer ses capacités physiques.
SCÉNARIO 4
Émilie a onze ans. Elle voudrait faire du porte à porte pour vendre des biscuits pour son groupe de scouts. Elle préférerait y aller avec ses amies.
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Parent-hélicoptère :« Ma chérie, tu sais bien que je ne peux pas te laisser faire du porte à porte sans moi. C’est bien trop dangereux ». Émilie reçoit ici le message que sans sa mère, tout est dangereux.
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Parent-phare :« Tant que tu y vas avec Maggie et que vous restez dans le quartier, je suis d’accord. Amuse-toi bien. Mais si tu veux aller ailleurs, je t’accompagnerais et je t’attendrais sur le trottoir ». La mère cherche ici un bon équilibre entre liberté et sécurité.
SCÉNARIO 5
Ben est invité à dormir chez son ami. Il a neuf ans, mais jusqu’à maintenant, il a toujours eu peur de dormir ailleurs que chez lui.
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Parent-hélicoptère :« Je ne crois pas que ce soit une bonne idée. Tu sais très bien que tu as peur chaque fois que tu dors chez un ami. Je pense qu’il vaut mieux dire non, mon bébé ». Ben n’apprend pas à affronter ses peurs.
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Parent-phare :« Est-ce que tu te sens prêt ? Je pense que c’est une bonne idée d’y aller. La maman de Mickael sera là si tu as besoin de quoi que ce soit, et puis tu peux m’appeler vers 9h00 pour me dire comment ça se passe ».